Philomus

À certaines ondes bénéfiques

  Dans ce confinement, ce retournement sur soi, cette introspection forcée, ce nombrilisme, il y a une petite ouverture, celle de ces voix amies. Bien sûr les informations tragiques ou heureuses, banales ou quotidiennes nous relient au monde, font de notre unicité une multitude mais aussi un enfermement collectif.

Alors écoutons ces voix chères qui ne se sont pas tues, celle d’Augustin Trapenard qui à travers la perception d’écrivains, peintres, danseurs, chanteurs…nous fait voyager dans l’intimité de chacun. Ces mots si personnels nous sont donnés comme le plus beau des cadeaux, celui de la sincérité d’un moment, celui de la passion, celui du combat parfois aussi de la résignation ou de la fatalité. Mais même leur amertume est un baume sur nos plaies ouvertes. Car le rythme, la sonorité et le sens profond de chaque phrase est un voyage qui nous libère et nous réconcilie avec le monde.

Que dire de la voix de Guillaume Gallienne qui nous amène aux confins de la poésie et nous ouvre les portes de la littérature. C’est avec un bonheur extrême que je plonge et chavire d’un genre à l’autre dans une boulimie extatique. Je découvre ou redécouvre chaque livre sous un jour nouveau patiné par cette mélodie si particulière qui sait recréer l’ambiance du roman, de la scène de théâtre ou de la poésie. Il aura réussi le pari de la continuité du lien culturel si essentiel à la vie. Le rêve est bien là, réel, il n’est pas mort ni vain puisque chaque jour il renaît sur ces ondes.

Sourions un peu également avec Charline Vanhœnacker et Guillaume Meurice. À quoi sert de pleurer éternellement sur un sort qui nous échappe, les larmes du rire sont plus bénéfiques que celles de la douleur. À trop se prendre au sérieux nous en devenons ridicules. Esquissons au bas de nos masques un semblant de sourire et ouvrons grands nos oreilles à ces voix qui nous éveillent ou réveillent.

Flora Pourcelot  (7 mai 2020)